Le positivisme toxique : un trait de patron dont on parle trop peu
On associe souvent un « bon patron » à quelqu’un de motivant, encourageant et optimiste. Après tout, qui voudrait travailler sous les ordres de quelqu’un de négatif? Mais il existe une facette moins connue, dont on parle rarement : le positivisme toxique.
Qu’est-ce que le positivisme toxique?
Le positivisme toxique, c’est cette tendance à vouloir toujours voir « le bon côté » et à minimiser, voire ignorer, non seulement les difficultés vécues par les employés, mais aussi les enjeux réels de l’entreprise. Au lieu de reconnaître les défis et de chercher des solutions, on choisit de répéter que « tout va bien » ou qu’« il faut rester positif », ce qui empêche toute amélioration concrète.
Le manque de transparence et d’écoute réelle
Un patron dans ce mode de fonctionnement ne veut entendre que le positif. Dès qu’un employé tente d’amener une problématique, de proposer des solutions ou de nommer ce qui ne fonctionne pas, la discussion est vite détournée vers : « voyons le bon côté » ou « reste optimiste ».
L’employé exprime un manque de personnel? On lui répond que « tout le monde fait des efforts et ça va bien aller ».
Un problème d’organisation est soulevé? « Pas grave, regardons plutôt ce qu’on réussit bien. »
Quelqu’un propose une solution pour améliorer la situation? « On n’a pas besoin de ça, concentrons-nous sur le positif. »
Résultat : aucun changement concret n’est apporté.
Pourquoi ce n’est pas une protection, mais une fuite
Certains gestionnaires pensent protéger leur équipe en restant positifs à tout prix, en évitant les conversations difficiles. Mais ce qu’ils font réellement, c’est :
Invalider les émotions de leurs employés (on se sent ignoré).
Étouffer les solutions qui pourraient améliorer le quotidien.
Entretenir un faux climat où tout semble aller bien en surface… mais où le malaise grandit.
Ce manque de transparence empêche l’équipe d’avancer. Les problèmes restent entassés sous le tapis, jusqu’à ce que la frustration prenne le dessus.
Les impacts concrets sur une équipe
Les employés finissent par se taire : « De toute façon, il n’écoute pas, alors pourquoi parler? »
Un sentiment de décalage s’installe entre le discours du patron (« tout va bien ») et la réalité du terrain (« rien n’est réglé »).
Le désengagement augmente, car on ne sent plus qu’il est possible d’avoir un impact ou d’améliorer les choses.
Être positif… sans tomber dans l’excès
Un bon leader peut garder une attitude optimiste tout en validant les émotions et en étant transparent sur la réalité.
« Je comprends que ce soit difficile, merci de l’avoir nommé. Qu’est-ce qu’on peut essayer pour améliorer ça? »
« Tu as raison, c’est un irritant. On n’a peut-être pas la solution parfaite, mais voyons ce qu’on peut faire à court terme. »
L’optimisme n’est pas dangereux en soi — c’est l’optimisme au détriment de l’écoute et de l’action qui devient toxique.
En conclusion, le positivisme toxique est insidieux parce qu’il ressemble à une bonne intention. Mais derrière les sourires forcés, les employés voient bien que leurs préoccupations ne sont pas reconnues et que rien ne change réellement.
Un patron qui refuse de nommer les problèmes n’est pas en train de protéger son équipe : il empêche simplement toute amélioration. Le vrai leadership n’est pas d’imposer une vision positive à tout prix, mais de combiner optimisme, écoute et action pour bâtir un climat de travail sain et durable.
À bientôt,
Mélody 😊